Psychologie et COVID-19 – Partie 2

Publié le 29/03/2020

Après avoir regardé comment les maths peuvent nous aider à comprendre la propagation d’un virus et anticiper les scénarios possibles, arrêtons nous un instant sur les états par lesquels on passe pendant une crise, afin de mieux la traverser.

On finira enfin par un peu de psychopédagogie, avec une méthodologie de travail en période de confinement. Si vous devez aider vos enfants à travailler ou si vous-même êtes en train d’étudier chez vous pour préparer examen, concours, vous pourrez utiliser cette méthodologie pour comprendre vos cours !

J’ai aussi une pensée particulière pour tous les étudiants qui ont travaillé dur depuis deux ans pour préparer concours et examens, et qui à l’heure actuelle ne savent toujours pas comment cela va se passer.

La courbe du deuil, comment ça parle de ce que nous vivons

Dans cette partie, nous nous intéresserons à la courbe du deuil d’Elisabeth Kübler-Ross, psychiatre helvético-américaine, décédée en 2004. Cette courbe modélise (avec le temps en abscisse) les différentes phases du deuil, et par extension, les différentes phases par lesquelles on passe face à un changement, une crise (licenciement, divorce, confinement).

Qu’est-ce que cela donne dans le cas de la crise du Coronavirus, ou plus spécifiquement dans ce moment de confinement? Comme je le disais au début de mon article, il y a après le choc (peut-être le samedi soir quand le Premier Ministre a annoncé la fermeture de tous les lieux publics, magasins etc), ou le lundi soir quand le Président a annoncé le confinement, une première phase de déni (« non, ce n’est pas possible », « pour moi ça ne va pas être possible,….), phase qui peut s’accompagner d’un état de sidération (« je n’y crois pas »), où on répète en boucle « je n’y crois pas, ce n’est pas vrai », sans rien faire, abasourdi.

Ensuite on entre dans la phase de colère, qui peut aussi s’accompagner d’une phase de marchandage. (« Non, mais c’est n’importe quoi, pourquoi ils ne font pas un dépistage systématique, pourquoi il n’y a plus de masques, mais à quoi ça rime de m’interdire d’aller me baigner il n’y a personne,…). Le marchandage ça peut dans cette période consister à aller plus loin que le pâté de maison pour faire de l’activité physique, se dire que si on reste loin des personnes ça suffit,etc…

Il y a ensuite la phase de peur : peur de tomber malade, peur pour son activité professionnelle, peur de la solitude, du manque d’interactions sociales, peur que cela dure indéfiniment, peur que ces mesures  liberticides durent aussi après l’épidémie,…

Vient après la phase de tristesse. De dépression. perte de l’appétit, de l’envie, de la joie. Comme le modélise très bien la courbe, on est « au fond du trou », et le risque est d’y rester.

La bonne nouvelle, c’est qu’il y a un après. Quand j’étais jeune, j’étais assez fan des romans de la Contesse de Ségur (née Rostopchine), je les ai tous lu je pense, et le titre de l’un dans eux me revient souvent en période de crise, « après la pluie le beau temps ». Tout est dit.

Après la pluie le beau temps contesse segue

Comment revient le beau temps? Tout d’abord par la phase d’acceptation : en effet, le confinement est là, l’épidémie est là, ça ne dépend pas de nous, c’est un fait. Lutter contre me privera de mes forces et ne changera rien.

Le pardon, est proche de l’acceptation dans ce contexte. Cela consiste à mon sens à ne pas chercher de coupables de boucs émissaires (c’est la faute des chinois, de la 5G, du dérèglement climatique, de la casse des services publics, etc.).

Quête de sens et de renouveau: chercher ce que cette période de confinement me permet d’apprendre sur moi, sur mes relations, sur mon travail, sur ce qui est important pour moi, sur ce qui est important dans la vie! par exemple; en ce moment seul les « commerces de première nécessité » sont ouverts: PQ et pâtes. Mais on ne vit pas que de cela ! Réfléchir sur ce concept de « première nécessité » permet de faire du tri dans sa vie (par exemple pour moi, les librairies c’est un commerce de première nécessité!). Ou simplement faire du tri dans les objets de sa maison. faire des albums photos. Lire des livres qui se sont accumulés pour « quand on aura du temps »…

Voici dans cet article quelques conseils de Scott Kelly qui a passé un an confiné dans l’espace, on peut dire que c’est un expert en la matière!

Après on retrouve la sérénité, on rentre dans une phase de croissance. j’aime bien aussi parler de « cadeau caché« . Que nous apporte collectivement le coronavirus? Déjà la démonstration que la pollution humaine peut rapidement être stoppée : clairement, la nature reprend ses droits un peu partout. Des mesures sociales importantes en France (retrait de la réforme des retraites, baisse des cotisations, prise de conscience que la santé est un secteur important qui ne doit pas être soumis à la loi du marché, etc.) Une prise de conscience collective? Un arrêt de l’activité humaine nocive? On ne sait pas encore.

Dans le modèle tel que je l’ai décrit, on a l’impression que l’on passe d’une phase à l’autre dans le temps. C’est plus compliqué. En fait on fait des allers retours. On peut rester coincé quelque part. Cela demande du temps, de la volonté aussi.

Pour la part, je suis encore quelque part entre le déni et la colère! Et vous ?

L’école à la maison: les 5 questions pour comprendre appliquées au Covid-19

Un des cadeaux cachés de cette crise sera peut-être de repenser les méthodes d’enseignement. Actuellement, les enfants et les adolescents sont confinés et doivent travailler de chez eux. Je vous propose un outil qui aide à comprendre (son cours ou autre chose). Ce sont les « 5 questions pour comprendre », modèle issu de la gestion mentale et en particulier du livre de Guy Sonnois (Accompagner le travail des adolescents avec la pédagogie des gestes mentaux), que j’ai interprété à ma manière concernant les mathématiques.

Comprendre_collège

Ces questions s’adaptent à tout type de connaissances. Les 5 questions sont

  • Quoi? qu’est-ce que c’est, de quoi s’agit-il? L’idée c’est d’être capable de le verbaliser! (Eviter « je sais ce que c’est mais je ne sais pas l’expliquer. Si c’est le cas, c’est qu’on ne sait pas….)
  • D’où? Cela peut-être d’où ça vient sur un plan historique, chronologique. Ou sur quelles autres connaissances cela s’appuie. Ou quelles problématiques ont amené à s’intéresser à cette notion?
  • Avec quoi? Il s’agit de faire des liens avec d’autres connaissances. De rechercher les points communs et aussi les différences.
  • Comment? Cette question peut aussi bien concerner « comment ça marche » ou « qu’est-ce qu’on peut faire avec » « comment c’est conçu »,…
  • Pour quoi? Cette question est importante. Elle concerne l’utilisation que l’on va avoir de cette connaissance. Ce qu’on peut appeler la connaissance conditionnelle, à savoir, dans quelle condition on va devoir utiliser cette connaissance.

Avec vos enfants, ou seul, posez-vous, posez leur, ces questions. Ecrivez, structurez vos réponses sur une carte mentale, pas forcément en suivant le plan des 5 questions. Imaginez que vous devez faire cours, ou faire un exposé sur cette connaissance. Imaginez également que vous voulez évaluer (vos « élèves »), qu’est ce que vous leur poseriez comme questions?

J’ai cherché à comprendre le Covid-19 en utilisant ce questionnement, voilà la carte que j’ai faite sur ce sujet.

J’ai utilisé principalement Wikipedia.