Blocage et angoisse, les maths une fatalité ?

Publié le 05/01/2015

Lorsque l’on aborde la thématique de l’école et de l’enseignement, s’il est bien une matière étudiée du primaire au cycle secondaire qui suscite stress, anxiété voir blocage psychologique, il s’agit bien évidemment de celle des mathématiques.

La phobie des mathématiques

Les questions liées autour du blocage et des maths alimentent depuis des décennies les débats autour de l’apprentissage. En 2013, le cinéaste Olivier Peyon réalise un documentaire intitulé « Comment j’ai détesté les maths » à travers lequel il soulève l’envergure du débat. Que ce soit sur le plan des programmes scolaires, de la formation des enseignants ou de la psychologie infantile, certains iront même jusqu’à parler de « déterminisme biologique ». Chacun dans leur domaine, de nombreux experts se sont penchés sur ce défi que représente les maths dans le parcours de chaque élève : quels éléments déclenchent ce blocage ? Cette angoisse est-elle spécifique à cet enseignement ? Existe-t-il un processus de déblocage ou certains individus sont ils tout simplement incompatibles avec les mathématiques ?

Finalement, nous nous sommes rendu compte que l’étendu de ce débat était totalement démesurée. Pourquoi parler de phobie généralisée alors que nous analysons un phénomène qui s’étudie au cas par cas. Chaque individu possède sa propre expérience et sa propre approche des maths et de son apprentissage. La faute n’incombe pas à des étudiants fragiles, ni à des professeurs malveillants ou incompétents, ni même au contenu du programme scolaire ou à la pression exercée par les parents d’élèves. Il faut ainsi envisager ce blocage comme un ensemble de facteurs qui à un moment donné, et chez un individu donné, génère frustration et rejet.

Comprendre et raisonner mathématiques

En effet, il n’y pas de phobie inéluctable ni même de déterminisme biologique. Un jeune, ou un adulte, aujourd’hui persuadé de ne pas pouvoir comprendre ou apprendre quoi que ce soit lié aux mathématiques ne nécessite qu’une reprise en main des bases de cet enseignement. Martin Andler, mathématicien, professeur à l’université de Versailles Saint-Quentin, et président de l’association Animath, affirme que l’« on se concentre sur l’accumulation de techniques sans que leur sens n’apparaisse clairement. » Anne Siety, psychopédagogue spécialiste des blocages en mathématiques, confirme cette tendance « il est essentiel qu’un élève qui a du mal en maths ne se vive pas comme un élève «nul» . Au contraire, il s’agit de lui faire comprendre qu’il est intelligent, et que son intelligence va l’aider à trouver ce qui se passe dans sa rencontre avec les maths. » La clef de la réussite se situe au niveau de la dédramatisation de la situation. «Si on enseignait l’esprit de la liberté des maths, tous les élèves deviendraient des rebelles.» Cédric Villani relate dans le documentaire d’Olivier Peyon que les maths sont pour beaucoup d’élèves une science abstraite, un sujet d’étude détaché de leur quotidien alors qu’il est pourtant omniprésent dans notre société contemporaine. Martin Andler, nous invite à « dégager des vérités mathématiques, des raisonnements mathématiques à partir de situations concrètes » et favoriser les activités périscolaires ludiques et didactiques, soit « l’expérience plutôt que l’écoute passive ».

Finalement, il est essentiel de redonner confiance aux élèves et aux étudiants enclins à de véritables crises de panique vis-à-vis de l’apprentissage des mathématiques. Retourner aux bases du raisonnement n’est pas une honte, mais une nécessité. Face à un exercice ou un examen, il ne faut pas bruler les étapes et se murer dans des phrases telles que « je n’y arriverais jamais, je ne comprends rien, les maths c’est pas pour moi ». La réflexion et l’application ne sont que des conséquences directes de la compréhension. Pour plus d’informations autour de ce sujet, je vous invite à consulter les différentes interviews ci-dessous: