Blocages et psychopédagogie positive – 1

Publié le 04/12/2016

Les mathématiques, une matière comme les autres ou pas ?

Quelle est la relation du citoyen lambda aux mathématiques ? C’est tout sauf tiède. Quand je dis aux personnes que je rencontre dans des contextes divers et variés que j’enseigne les mathématiques, j’ai presque toujours une réaction très marquée, en général négative, parfois très positive. Je n’ai pas souvenir d’avoir eu une réaction neutre, poliment intéressée.

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Pourquoi ?

Les élèves sont souvent stressés avant une évaluation, mais alors avant une évaluation de mathématiques c’est le pompon. Être « nul en maths », dans la tête d’un élève, cela prend des proportions démesurées, c’est être nul tout court. Souvent, les élèves trouvent que les mathématiques ne servent à rien, font souffrir et empêchent la réussite scolaire. Les parents partagent également cet avis, quand leur enfant est en difficulté.

Les voies d’excellence supposées dans le système scolaire français sont toujours celles où il y a le plus de mathématiques. Un élève « bon en tout » sera orienté dans une section S, qui « mène à tout », sauf s’il manifeste une forte envie d’autre chose. Un élève « bon en maths » est considéré comme « bon en tout ». Aucune formation ne refusera de recruter des bacheliers S. Si dans un bulletin scolaire tout va bien, sauf les mathématiques, c’est la catastrophe, on ne voit que cela.
(c’est arrivé à ma fille en classe de troisième. Elle était bonne partout, douée en français, mais très médiocre en maths. J’ai été convoquée et je me suis fait « remonter les bretelles »).
Les mathématiques sont également  mal vécues par les parents, qui considèrent souvent qu’elles sont trop difficiles.

Cette matière a donc une place à part dans le paysage scolaire français. Et on se retrouve face à un grand nombre d’élèves, tout à fait intelligents, capables d’apprendre, de raisonner, de réfléchir, capables d’abstraction, et qui deviennent totalement bloqués face à un exercice de mathématiques, incapables du moindre raisonnement.

Je vous propose quelques explications, non exhaustives, sur les raisons des blocages en mathématiques.

C’est la matière de sélection

Une première explication des blocages en mathématiques est la pression qu’il y a sur la réussite en mathématiques. Les écoles les plus prestigieuses, comme HEC ou Polytechnique sélectionnent énormément sur les mathématiques. De là, une généralisation – abusive- comme je l’ai dit dans l’introduction: la réussite en mathématiques conditionne la réussite scolaire. C’est d’ailleurs la discipline dans laquelle il y a le plus de demandes en cours particuliers, en soutien, etc. Il y a une énorme pression de tout le système, scolaire et familial. Donc au départ, ce n’est pas neutre.
Il est à noter que c’est également une discipline dont les horaires diminuent régulièrement de réforme en réforme. Y a-t-il un lien de cause à effet ?

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De quoi ça parle les mathématiques ?

Pourquoi fait-on des mathématiques à l’école ? C’est une question à laquelle il n’y a pas vraiment de réponse satisfaisante. Tout un chacun est d’accord sur le fait que savoir lire et compter sont deux compétences que tout citoyen doit avoir, mais au-delà ? De plus la compétence de savoir compter devient moins pertinente maintenant que l’on trouve une calculatrice sur chaque téléphone portable. J’ai eu une élève de terminale ES qui ne savait pas calculer un pourcentage. Pour la motiver, comme c’était les soldes, je lui demande comment elle fait pour savoir le prix qu’elle va payer si l’article est à moins 30%. Elle me répond qu’elle va voir sur la table de prix affiché dans le magasin…. En effet.

Je demande à un autre élève de sixième qui n’arrive pas à apprendre ses tables de multiplication pourquoi à son avis il faut apprendre ses tables ? Réponse : pour avoir de bonnes notes…

Les élèves subissent donc –en général- cette matière, et avoir de bonnes notes est parfois une motivation suffisante pour travailler, mais parfois cela ne suffit pas.

On reproche souvent aux mathématiques de ne pas parler de « la vraie vie » et de ne « servir à rien ». Ce qui est un comble à notre époque où tous les objets ultra sophistiqués que nous utilisons tous les jours sont « plein de maths ».  Pour autant, donner à un élève de troisième très ancré dans le réel, le pratique, une réponse satisfaisante et simple à la question « c’est quoi une fonction et à quoi ça va me servir concrètement ? » est un vrai défi…

Il y a aussi des êtres humains derrière les mathématiques, on n’en parle pas ou peu. Peut-être faudrait-il enseigner les mathématiques dans une perspective historique : pourquoi, à un moment donné, les humains se sont-ils posés ces questions ? Comment les mathématiques leur ont apporté des réponses, et ont soulevés de nouvelles questions ?
En effet, les mathématiques, ça parle des hommes, de l’histoire des hommes. Ce ne sont pas des problématiques extérieures à l’humanité.

Mais les mathématiques ça parle aussi de soi, des processus qu’on met en place pour résoudre un problème, de la façon d’aborder une situation inhabituelle, etc.

Les mathématiques, c’est l’art de se poser des questions. Faire des mathématiques développe le sens critique et la curiosité. Le monde mathématique c’est aussi un monde dans lequel on est créateur, on fabrique des objets, on les manipule, on invente de nouvelles combinaisons, de nouveaux liens … Par exemple, étudier des fonctions permet de résoudre des problèmes géométriques.

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